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Devenir riche à Dawson City... (ou pas)

Nous voilà arrivés à Dawson City, ville emblématique de la ruée vers l’or la plus démesurée de l’histoire ! Mais avant de pouvoir nous plonger dans cette ville mythique, il nous faut récupérer Elmy qu’on a laissé à Carmacks, notre départ en canoë. Marc lève le pouce dans l’espoir de faire les 400 km en stop. Il réussira à faire seulement une dizaine de kilomètres qu’il lui faudra faire à nouveau en sens inverse pour être à l’heure pour prendre le bus à Dawson. On aurait préféré éviter ça mais le prochain bus pour Carmacks étant dans 4 jours, le risque est trop grand. Le voyage nous coûtera donc 100$ pour une personne... Il va nous falloir trouver de l’or, BEAUCOUP d’or !!!

Lorsqu’Elmy nous rejoint, nous nous lançons enfin dans la visite de Dawson. L’ambiance de cette ville est incroyable. Plusieurs bâtiments d’époque ont été conservés. On visite la (demie) cabane de Jack London. Bien qu’il soit resté moins d’un an au Yukon (contraint d’abandonner sa concession parce qu’atteint de scorbut sévère) il s’est profondément imprégné du grand Nord qu’il dépeindra dans toutes ses nouvelles. En se baladant dans les rues, on s’imagine transportés au temps des chercheurs d’or : la banque ; l’ancienne poste ; le vieux saloon dans lequel les mineurs venaient raconter leurs exploits et leurs trouvailles autour de verres qu’ils payaient à coup de pépites... L’or était partout si bien qu’on raconte que les serveuses se recoiffaient à longueur de soirée et qu’à la fin de leur service, elles se lavaient les cheveux pour récolter la poussière d’or qui s’y était déposée en guise de pourboire !

Mais en réalité, cette ruée vers l’or n’a réussi qu’à très peu de chercheurs d’or… En 1896, George Carmack est le premier à découvrir de l’or dans le ruisseau Bonanza. Lorsqu’il enregistre la concession à son nom, la nouvelle se répand comme une trainée de poudre. Il ne suffit que de quelques jours pour que les ruisseaux du coin soient jalonnés. Il est déjà bien tard lorsque les journaux répandent la nouvelle aux Etats-Unis. Mais la crise économique des années 1890 et le chômage généralisé poussent des milliers d’hommes et de femmes à embarquer sur des bateaux à destination de l’Alaska pour rejoindre le Yukon.

Devant cet afflux gigantesque, le gouvernement du Canada décide d'envoyer des troupes à la frontière de l’Alaska. On instaure des règles: chaque personne désirant passer la frontière doit déposer les armes et se présenter avec les vivres qui lui permettront de passer une année sur le territoire canadien (500kg de nourriture). Avec le matériel nécessaire pour miner, c'est en moyenne une tonne de bagages que les mineurs en quête de fortune doivent emporter avec eux.

Mais ce n'est que le début du voyage: il leur faudra passer le célèbre col escarpé Chilkoot (compter des dizaines d’aller-retour pour passer tout le matériel...) puis construire un radeau pour descendre la Yukon River... pour parfois devoir le démonter et construire un traineau lorsque la glace surprenait les traînards !

Beaucoup d’entre eux moururent en chemin et pour ceux qui arrivaient à se rendre jusqu’à destination, il était trop tard… La plupart des concessions étaient déjà toutes réclamées. Il restait alors le choix soit de travailler pour quelqu’un qui possédait une concession, soit de tenter sa chance, plus loin, plus haut dans la montagne. Finalement, ceux qui ont réussi sont ceux qui avait l’esprit d’entreprenariat. Car qui dit ruée vers l’or dit forte population, et donc besoin de commerces. Les premiers à entrevoir ce marché ouvrent des magasins généraux, des hôtels, des saloons et mêmes des pompes funèbres… Le croque-mort toisait les malheureux à la plus mauvaise mine afin de préparer leurs cercueils à l’avance. On voit aussi fleurir toutes sortes de commerces farfelus comme ce visionnaire qui avait fait amener toute une cargaison de chatons qu’il vendait aux mineurs afin qu’ils supportent mieux leur solitude ! Quelles que soient les idées, le but est le même : « Mine the miners ! »

Plus tard, quand le coût de l’extraction de l’or devient trop cher par rapport à ce qu’il rapporte, on voit arriver d’immenses machines : les dredges. Ce sont des monstres équipés de baquets qui creusent le sol et ramènent les gravats à l’intérieur où ceux-ci sont lavés à grande eau pour en extraire le précieux métal. Une dredge se visite encore sur le ruisseau Bonanza. Derrière elle, le paysage défoncé a été laissé comme tel : des amas de pierres grises. En montrant notre pass pour les 150 ans du Canada, on a eu le droit à 2 golden tickets pour une visite gratuite de notre choix. On choisit de visiter la dredge ! On a l’impression d’être Charlie qui va visiter la chocolaterie de Willy Wonka !

C’est pas tout ça, mais on a un ticket de bus à rembourser nous ! Il faut qu’on trouve de l’or ! Il reste une concession, la numéro 6, qui est laissée libre d’accès pour les touristes qui voudraient s’aventurer à chercher de l’or. On peut aussi louer du matériel : pelles et batées (on est confiant, on trouvera assez d’or pour rembourser le bus ET la location… si si). Tout équipés, on se rend à la claim 6. On retrousse nos manches et on remplit nos batées de gravats pelletés au fond du ruisseau. On applique les gestes qu’on a minutieusement étudiés sur plusieurs vidéos youtube la veille… Marc termine sa batée, rien ! Alors qu’il remplit la deuxième, un cri déchire le silence : Wahouuuu !!!!!!!!!! Hélène brandit sa batée le visage illuminé par un immense sourire ! De l’or ! Au bout de son pouce, on devine un petit gravier doré.

De l’or dès la première batée ! Mais, c’est facile en fait ! Youpi ! Motivés, on oublie vite le dos qui nous fait mal, les mains qui gèlent dans l’eau glaciale du ruisseau et les pieds qui refroidissent au fond des bottes… 3 longues heures plus tard, Hélène n’a rien trouvé de plus et Marc n’a déniché que 2 poussières d’or semblables à de microscopiques grains de sable. La « pépite » d’Hélène restera notre plus « grosse » trouvaille… Rompus mais ravis, on se dit qu’on est content de ne pas être des chercheurs d’or et on décide d’aller fêter ça au casino de la ville ! Un spectacle de french cancan et 30 dollars plus tard (on a eu encore moins de chance au black jack qu’à la claim 6… vous avez dit « Mine the tourists ? »), on dit au revoir à Dawson depuis le dôme qui surplombe la ville. Il est temps de reprendre la route, direction le Kluane Park !

Ça vous donne pas envie de revoir ça ?!

Les caribous voyageurs
Dessin réalisé par Elodie Das Neves
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