top of page

Atlin: chasse, café et randonnées

Une dizaine de kilomètres avant le petit village d’Atlin en Colombie Britannique, nous quittons le goudron pour une route forestière. Un peu plus loin se trouve la propriété de Philippe et Leandra. C’est une grande maison en rondins qu’ils ont construite eux-mêmes. Ils visent l’autonomie presque totale : la majeure partie de leur électricité provient de panneaux solaires, l’eau est pompée dans le torrent en contrebas de la maison et toutes les ordures qui le peuvent sont réutilisées pour alimenter le compost du jardin. Une grande terrasse donne une vue imprenable sur les montagnes environnantes. A quelques mètres du bâtiment principal, on découvre une charmante petite cabane en bois. C’est une maison toute simple : une seule pièce dans laquelle s’organisent un lit, un bureau, quelques meubles et un poêle à bois. Ce sera notre maison pour les semaines à venir !

Philippe et Leandra ont une vie assez dingue. Ils se sont récemment lancés dans la torréfaction de café. Tout est fait écologiquement : outre les grains de café organiques qu’ils importent d’Afrique ou d’Amérique du Sud, le torréfacteur est alimenté au bois, bois qui est coupé à la tronçonneuse électrique, elle-même rechargée grâce à leur système solaire ! Tous ces efforts leur ont permis d’obtenir la certification « café organique ». Leur commerce marche bien et grossit vite. Le café est vendu jusqu’à Whitehorse au Yukon ! Mais ce business n’est que la partie émergée de leur iceberg d’activités… Car quand ils ne torréfient pas le café, ils sont aussi pompiers volontaires pour Atlin ou encore en charge des Secours et Recherches pour la région. Enfin à leurs heures perdues - s’il en reste encore… - ils sont aussi rangers c’est-à-dire engagés dans la réserve de l’armée canadienne. Avec tout ça, ils trouvent le temps de s’occuper de Justin, un petit bonhomme de 4 ans.

Pendant l’été, Philippe et Leandra se concentrent surtout sur le café. On les aide pour l’emballage et ils nous expliquent leur savoir-faire de la torréfaction. C’est l’occasion d’en apprendre beaucoup ! Notamment que contrairement à ce que l’on pourrait croire, un café rôti longtemps est moins chargé en caféine et donc moins « fort » (bien qu’il soit plus foncé). Le café le moins torréfié conserve plus de caféine et préserve son goût naturel sans le brûler !

On les aide aussi pour toutes sortes de tâches au jardin : depuis le défrichage jusqu’à la confection de bois de chauffage en passant par la rénovation des toilettes! Ça vaut bien une petite danse?

Ils sont aussi chasseurs et parfois le soir, on sort marcher fusil sous le bras. On passera chacun derrière la gâchette pour s’essayer au dégommage de nids de guêpes perchés dans les arbres. On apprendra aussi à préparer le lapin, le porc-épic… et même l’orignal ! Ça restera une soirée inoubliable. Alors que nous étions tous rassemblés à l’intérieur, l’un de nous s’écrie tout d’un coup: « ça alors ! Par la fenêtre, regardez ! ». Dehors, dans l’obscurité naissante, on aperçoit une ombre imposante avec de grands bois sur la tête: un orignal mâle dans le jardin. Pas de chance pour le malheureux, c’est le premier jour de l’ouverture de la chasse. L’occasion est trop belle pour Philippe qui s’empresse de récupérer son fusil. Sans mettre de chaussures, il sort en chaussettes sur le bois encore mouillé de pluie de la terrasse. Marc est derrière, à quelque mètres de lui, et essaie lui aussi de faire le moins de bruit possible pour ne pas effrayer la bête. Il est là, il nous regarde lui aussi comme intrigué par cette scène tristement belle. Ses mouvements sont empreints d’une lenteur paisible : il paraît si calme. Philippe arme lentement son fusil à l’épaule. Un silence assourdissant s’abat sur nous que seule la détonation du coup pouvait briser. L’animal s’assoit sur ces pattes arrière et la tête en arrière, laisse échapper un soupir plaintif avant de s’effondrer et de rouler dans le ravin adjacent. C’est fini. Le cœur serré on va constater la mort de l’animal. Maintenant il faut tout préparer pour ne rien gâcher! On se met à 5 pour le vider et le dépecer. On coupera aussi les membres pour les pendre afin que la viande s’attendrisse pendant quelques jours. On attendra 2 jours avant de transformer le tout en rôtis et steaks pour en remplir un congélateur.

Les journées de travail sont assez courtes et on a plein de temps libre pour explorer les environs. Comme ils connaissent le coin grâce à leur activité de rangers, Philippe et Leandra nous donnent toutes les infos sur les randonnées à faire. On enchaîne les randos : beaucoup de castors, quelques ours, un caribou et une vue magnifique sur la calotte glaciaire qui sépare Atlin de Juneau en Alaska (Taku glacier). On nous prête même une barque pour aller pêcher sur les lacs alentours. On complète notre équipement avec le kit du parfait randonneur dans le Yukon: téléobjectif, bear spray et petite hache!

On est vraiment bien chez nos hôtes. La fin de notre séjour arrive bien vite et il faut déjà prévoir nos prochaines aventures. On entend parler de la Yukon River qui peut se descendre en canoë. On décide de faire la portion entre Carmacks et Dawson City en un peu plus d'une semaine. Philippe et Leandra nous proposent même de nous prêter une de leurs embarcations avec pagaies et gilets de sauvetage ! Génial ! Quelle arrivée plus belle à Dawson City - ville emblématique de la ruée vers l'or - que par la Yukon River à bord d’un canot ? C'est parti!

Les caribous voyageurs
Dessin réalisé par Elodie Das Neves
  • Pinterest - Les caribous voyageurs
  • Instagram - Les caribous voyageurs

Suivez-nous !

Instagram
NOUS TROUVER
Posts à l'affiche
Catégories
bottom of page