Les Territoires du Nord-Ouest: l'aventure au bout du bout...
Comme un wwoofing nous attend début juillet à Yellowknife, on quitte la Saskatchewan rapidement et on avale les kilomètres. On traverse l'Alberta mais sans s'arrêter (sauf pour dormir bien sûr), car on a prévu d'y retourner à l'automne.
La route est longue et on met plusieurs jours à atteindre les Territoires du Nord-Ouest. Quand nous arrivons finalement au 60ème parallèle, on s'arrête pour dormir sur l'aire de l'office du tourisme. Nous ne le savons pas encore mais cette nuit sera la pire nuit de notre voyage...
La peau sombre d'Elmy a tendance à faire monter la température quand le soleil tape directement dessus (on se retrouve souvent avec plus de 30 degrés à l'intérieur). Aussi, après quelques épisodes de House of Cards, on sort se promener pour se rafraîchir un peu. Il est minuit mais le soleil se couche à peine. Au 60ème parallèle à cette époque de l'année, le soleil disparaît pendant 4 heures mais il ne fait jamais vraiment noir. Très vite, nous rencontrons la faune locale: des maringouins, des brûlots et autres mouches noires dansent autour de nous, surexcités par un tel buffet à une heure où ils ne l'attendaient plus! Littéralement assaillis par les moustiques, on découvre que courir en zigzag permet, au prix du ridicule, d'en semer quelques-uns. On se réfugie dans Elmy: ça a l'air d'avoir marché alors on se fait un high five. On se couche, rafraîchi et confiant. Au bout de 15min, les bzzz sont de retour! N'envisageant pas de dormir dans ces conditions, nous décidons de rouler jusqu'à la prochaine ville. Il y a moins de moustiques en ville, c'est bien connu. Mais nous ne connaissions pas encore les villes des Territoires du Nord-Ouest...
On arrive à Enterprise à 2h du matin. Fatigués, on s'effondre sur notre lit. Vers 3h30, il devient impossible d'ignorer le bruit qui nous environne de nouveau et la cinquantaine de moustiques qui essayent de nous piquer. Les plus gros, les mouches à chevreuil de la taille d'un pouce, ne rentrent pas mais tapent rageusement sur la carrosserie. On utilise notre drap et quelques affaires pour construire une cabane-moustiquaire de fortune qui nous permet de nous cacher dessous tout en respirant. Mais la température est insoutenable, on étouffe. Impossible de trouver le sommeil. Les nerfs lâchant et le désespoir prenant le dessus, nous prenons la décision d'ouvrir en grand la porte latérale en espérant que les moustiques finiront par se réguler... 15min plus tard, le verdict est sans appel : nous sommes stupides. Un coup d'œil par dessus le drap nous apprend qu'il y a maintenant des centaines de moustiques dans notre 3m3 ! On s'habille très très rapidement, Marc prend le volant et Hélène prend le torchon. On roule à 15km/h, les portes du coffre et latérale ouvertes, et Hélène fouette ardemment les murs et le plafond pour essayer d'en chasser le plus possible. On donne régulièrement des coups de frein pour fermer les portes arrière et nous comptons les moustiques. Tant qu'ils restent incomptables, on continue ce rodéo.
Finalement, après la raison c'est maintenant l'essence qui nous fait défaut. On finit par se garer dans une station service: il est 4h30, elle ouvre à 7h... En attendant qu'elle ouvre, on tue la trentaine de moustiques qui a réussi à s'accrocher. À 7h pile, on fait le plein d'essence et de café et on reprend la route. On retrouve un peu nos esprits et on déduit que les moustiques rentraient par nos aérations déjà équipées de moustiquaires mais aux mailles trop grosses...
Rouler c'est le seul moyen de fuir cet enfer! La journée qui suit est découpée en tranches de 1h30 de route et 1h30 de sieste en se relayant pour lutter contre le sommeil au volant. C'est presque 500 kilomètres de route seulement entourée d'arbres et de lacs que nous avons à faire. Nous ne nous arrêtons pas dans les quelques minuscules villages que nous croisons qui comptent certainement plus de moustiques que d'habitants... Après avoir vu nos premiers bisons sauvages, on arrive enfin à Yellowknife, capitale des TNO, en fin d'après-midi ! Pour se remettre de nos émotions, on s'offre une chambre dans un B&B après une mini balade sur le port.
Finalement, notre hôte de wwoofing nous contacte pour nous prévenir qu'il viendra nous chercher (en bateau) avec quelques jours de retard. C'est l'occasion pour nous de visiter!
Yellowknife est une petite capitale de seulement 20 000 habitants, soit la moitié de toute la population des Territoires du Nord-Ouest. Elle tient son nom d'une population amérindienne de la région qui utilisait des couteaux à lame de cuivre. Découverte au 18ème siècle par les colons européens (mais habitée depuis des millénaires par les populations autochtones), Yellowknife s'est développée grâce à la découverte de mines d'or vers 1930, puis de mines de diamant dans les années 1990.
La ville commence sur le continent et s'étire sur une péninsule. Entourée d'eau de part et d'autre, elle est survolée sans cesse par des hydravions, le moyen de transport de prédilection des habitants. On se croirait dans une maquette de ville d'explorateurs!
On a de la chance, le 1er Juillet c'est la fête nationale du Canada qui fête ses 150 ans cette année (création de la confédération canadienne). Pour l'occasion, le parc principal de la ville s'est donc transformé en lieu de festival avec scène de concert et stands d'artisanat et de plats préparés. Le festival est à l'image de la ville, à taille humaine et sympa.
Les festivités commencent avec les interventions des chefs des différentes tribus autochtones qui vivent dans la région. Suivent des chants de prières au tambour et une cérémonie d'alimentation du feu. Le chef de la tribu Dene insiste sur l'importance de la participation des autochtones à ce Canada Day, même si le Canada a bien plus de 150 ans pour eux...
L'après-midi continue en musique, et on finit la soirée aux sons de la guitare du talentueux Matt Andersen.
Demain, c'est le grand départ pour notre second woofing, perdu sur une île à plus de 200km de Yellowknife en bateau. On stresse un peu mais on a hâte !
